mardi 24 janvier 2017

Lundi 23 janvier : Excursion au lac Enriquillo + Document de Patrick MOTTIER



Parcours du Jour


Bonne nuit rapide. Petit déjeuner avec le lever du soleil, c’est magique. A l’heure prévue, le van de l’agence EcoTour Barahona arrive. Avec Patrick, le guide et David le conducteur, nous partons en direction de Barahona. Nous ne sommes que tous les deux, super. Arrivés à la ville, nous nous arrêtons pour faire une sortie photo au  marché qui en train de s’installer. Puis nous reprenons la route en direction du lac Enriquillo, du nom du cacique Guarocuya, rebaptisé Enriquillo par les espagnols qui entra dans l’histoire comme le premier héros des Amériques après une lutte guerrière contre les conquistadors.  Au niveau géographique, il y avait 3 iles distinctes. Un canal reliait la baie de Neyba à la baie de Puorto Principe en Haïti. Au fil des siècles, ce canal s’est comblé, laissant place au lac, le plus grand des Antilles, de 265 kilomètres carré, dont les alentours arides donnent une impression de grande désolation. Ses eaux 3  fois plus salées que celle de la mer caraïbes se situent à moins 40 mètres au dessous du niveau de la mer. Hors depuis quelques années, il se remplie doucement. La faille tectonique qui passe juste sous le lac provoqua le séisme en Haïti en 2010, en bougeant elle aurait ouvert un passage qui laisserait pénétrer l’eau de l’océan tout proche. Nous arrivons à la réserve de biosphère du lac. Nous sommes accueillis par des dizaines d’iguanes rhinocéros, pas agressifs. Nous embarquons ensuite dans une barque avec des guides locaux à la recherche des crocodiles américains, espèce en voix de disparition qui ne compterait plus que 200 individus. La montée des eaux salées donne un paysage fantasmagorique avec ce mélange de troncs blanchis par le sel et le soleil. Nous naviguons au milieu des branches, quelques hérons et grues cendrées habillent ce paysage figé. Des pécheurs assis sur des embarcations de fortune pagayent à la recherche de tilapias. Nous rentrons dans une zone très dense et voyons nos premiers crocodiles. Peu farouches, ils nagent paresseusement entre les troncs. L’un d’eux échoué sur des branchages nous observe tranquillement. Nous restons une demi-heure à les regarder, puis retournons à l’embarcadère. Une halte pour le repas nous fait découvrir une maison typique et l’accueil sympathique des dominicains. Nous nous rendons ensuite dans une grotte chamanique en bord du lac recouverte de pétroglyphes. Retour par la route qui par moments est sous une voute d’arbres. Des balnearios à l’eau fraiche attirent les baigneurs du cru. Nous longeons ensuite des champs de cannes à sucre. Après la coupe, celles-ci sont chargées dans des camions bennes qui les déchargent ensuite dans des wagons sur la voie ferrée qui mène à l’usine sucrière. Retour à Barahona, puis à l’hôtel. Nous remercions Patrick pour son érudition sur l’histoire de la République Dominicaine. Oups, je m’aperçois que j’ai oublié ma caméra dans le van. Heureusement, celle-ci est retrouvée et ramenée par moto jusqu’à l’hôtel.

Demain, transfert en bus et en taxi en direction de Las Galéras.

Document de Patrick

Mottier Patrick
accompagnateur  interprète
       829  970 43 09
        06 17 99 28 15
   infolarimar@gmail.com

                                 Un peu d’histoire…


Comme le montre cette carte, la République dominicaine et Haïti se partagent la même île, coupée du nord au sud par une frontière de 300 kilomètres. Cette division date du partage effectué entre la France et l’Espagne durant la période coloniale.

              
          
Christophe Colomb découvre l’île le 5 décembre 1492. Le conquistador est tout de suite conquis : les paysages sont somptueux, la terre riche en fruits inconnus (goyaves, ananas, bananes), les habitants accueillants et surtout parés de bijoux en or…  Ce sont les Indiens tainos. A l’arrivée des Espagnols, ils sont près d’un million sur l’île. Pêcheurs et agriculteurs émérites, on leur doit le maïs, le coton ou encore le tabac. Ce sont aussi des artistes, dont les peintures rupestres ornent de nombreuses grottes. Mais Christophe Colomb et ses successeurs voient surtout en eux une main d’œuvre facile à asservir. Le XVIe siècle est marqué par plusieurs révoltes, et notamment celle menée par Enriquillo, un cacique tainos.




Enriquillo  se révolte contre les Espagnols de 1519 à 1533. Dès son enfance, il est marqué par la mort violente de son père, tué par les Espagnols alors qu’il assiste à des pourparlers de paix à Jaragua. Ces discussions regroupent quatre-vingt chefs régionaux, sous la direction d’Anacaona, une célèbre reine tainos qui est aussi la tante d’Enriquillo. Mais les soldats espagnols mettent le feu à la maison dans laquelle se tiennent les pourparlers et tuent tous ceux qui tentent d'échapper aux flammes. Enriquillo est alors éduqué dans un monastère à Santo Domingo. En 1522, il déclenche une révolte dans les montagnes de la chaîne de Bahorucco.
Les rebelles étant avantagés par leur meilleure connaissance de la région, les Espagnols signent un traité octroyant notamment aux Tainos le droit à la liberté et à la propriété. Mais cet accord n’est pas respecté. Quant à Enriquillo, les historiens divergent sur son sort: une majorité d’entre eux s’accordent à dire qu’il était en réalité la même personne que le cacique Guarocuya, capturé et pendu. Une minorité estime au contraire qu’il n’a jamais été capturé. Deux choses sont certaines : aujourd’hui, le lac Enriquillo porte son nom en son honneur et les Tainos ont été décimés. En moins d’un siècle, les travaux forcés, les massacres, la volonté des femmes de ne pas se reproduire et les épidémies importées d’Europe les ont fait disparaître de l’île.

  Quisqueya, l’île des Tainos, s’appelle désormais La Hispaniola (l’île espagnole). C’est la première colonie européenne du Nouveau Monde. Fondée sur la côte sud de l’île, la ville de Santo Domingo (qui donnera plus tard son nom à l’île) est le siège de la vice-royauté des Amériques espagnoles. Pour exploiter les ressources du pays, les Espagnols déportent massivement des esclaves africains. A partir de 1505, plusieurs centaines de milliers d’entre eux traverseront l’Atlantique pour rejoindre les plantations de canne à sucre et les mines d’or dominicaines.

 A partir du XVIIe siècle, les Espagnols se désengagent progressivement de l’île, attirés par les richesses du Pérou et du Mexique. Ils laissent alors le champ libre aux pirates et aux boucaniers français, qui prennent possession de la partie occidentale du pays et fondent la future Haïti. La partition est officialisée en 1697, par le traité de Ryswick, signé entre la France et l’Espagne.




Un peu plus sur les boucaniers… Avec Alexandre Olivier Exquemelin, dans Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes (1686) :

Les Caraïbes.... C'est de là que nos boucaniers ont pris leur nom. Les premiers qui ont commencé à se faire boucaniers étaient habitants de ces îles et avaient conversé avec les sauvages. Ainsi, par habitude, lorsqu'ils se sont établis pour chasser et qu'ils ont fait fumer de la viande; ils ont conservé au lieu dont ils se servaient pour cet usage le nom de boucan, et en ont retenu celui de boucaniers.

 





En 1791, la révolte des esclaves d’Haïti, menée par Toussaint l’Ouverture, fait rapidement tâche d’huile dans la partie orientale de l’île. Débordés, les Espagnols cèdent l’ensemble de l’île aux Français. Haïti obtient son indépendance en 1804, mais Saint Domingue passe par une longue période d’instabilité : le pays passe des mains des Français aux Espagnols, des Espagnols aux Haïtiens avant d’obtenir son indépendance en 1844. Après un bref retour à la couronne espagnole, la République dominicaine obtient définitivement son indépendance en 1865.

Au XXe siècle, l’histoire de Saint Domingue est marquée par l’ingérence des Etats-Unis, qui prennent le contrôle économique du pays, et la dictature sanglante du général Trujillo, de 1930 à 1961. Devenu l’un des hommes les plus riches du monde, il est assassiné lors d’un coup d’état militaire.


Les parcs naturels du sud-ouest




La côte sud-ouest de Saint-Domingue renferme trois parcs naturels : le parc national de Jaragua, le parc national de la Sierra de Bahorucco et le parc national de l’île Cabritos. Malgré leur proximité, les trois sites possèdent des caractéristiques bien distinctes.

Le parc national de Jaragua




D’une taille de 1400 km², ce secteur protégé est le plus grand des parcs nationaux et réserves scientifiques du pays. Il s’étend sur la majeure partie de la péninsule de Barahona et regroupe également les îles Beata et Halto Velo.



Ce site doit son nom aux Tainos. Les Indiens, en effet, avaient divisés l’île en plusieurs régions, nommées caciazgos. Et la région du sud-ouest s’appelait cacicazgo de Xaragua.


La Lagune d'Oviedo (photo ci-contre) et les Îles Beata et Halto Velo ont émergé à une époque récente, il y a approximativement un million d'années.



La température moyenne annuelle est de 27 degrés centigrades et les précipitations moyennes varient de 500 à 700 millimètres annuels.



La végétation est caractérisée par des espèces de la forêt sèche et de la forêt épineuse subtropicale. On trouve ainsi de nombreux cactus, et toute une végétation de régénération lente, adaptée à de hautes températures et aux faibles précipitations.



La faune présente une grande diversité. On peut observer dans le parc de Jaragua 60% des espèces d’oiseaux reportées dans le pays (ou 130 espèces). On y trouve aussi  la plus grande population de flamands du pays, principalement dans la lagune d’Oviedo, quelques espèces de tortues (la carey, la tinglar, la caguamo et la tortue cerde) et de nombreux iguanes.









On trouve enfin dans ce parc de nombreux vestiges archéologiques de l’époque pré-hispanique, dont le plus ancien date de 2590 A.C. Le visiteur pourra aussi découvrir pictographes et petrogliphes dans de nombreuses cavernes (le Guanal, la grotte la Poza, la grotte Mongó).

Le parc national de la Sierra de Bahorucco




D’une taille de 800 km², ce parc comprend des montagnes aux reliefs abrupts atteignant jusqu’à 2367 mètres d’altitude (l’Avocat, situé près de la frontière haïtienne). Cette région appartient à l'Éocène Moyen : elle est approximativement vieille de 50 millions d'années. Cette formation géologique est constituée principalement de roches calcaires très cristallisées, dont certaines contiennent d'importantes espèces d'algues.



Le climat presente une stabilité exemplaire dans cette région stérile du sud-ouest du pays. Il permet la présense d’une grande variété de zones de vie, allant de la forêt sèche en bord de mer à la forêt humide et pluvieuse en montagne. Dans les régions les plus élevées et humides, la température oscille entre 15 et 20 ºC et les précipitations annuelles entre 1000 et 2000 millimètres.















La végétation est très variée, de vastes surfaces de pinèdes à de grandes forêts d’arbres à larges feuilles (latifoliés) en passant par quelques zones de forêts mixtes. On trouve aussi dans cette région 52% des espèces d’orchidées du pays (pour un total de 166 espèces). Trente-deux espèces sont même endémiques de cette région de montagne. Au niveau de la faune, on peut également mentionner 49 espèces d'oiseaux dont dix-neuf endémiques.

Le parc national de l’île Cabritos


Cette île mesure 12 kilomètres de long, pour 2,5 kilomètres dans sa partie la plus large. Elle se situe sur le lac Enriquillo, une étendue d’eau salée qui appartenait par le passé à un canal qui unissait la baie de Neiba, en République dominicaine, à la baie de Port aux Princes, en Haïti. Cette mer intérieure de 200 km² a été isolée suite à l’accumulation de sédiments à l’embouchure de la rivière Yaque du sud. 

L'Île Cabritos était appelée Guarizacca par les indigènes. Elle servait de refuge et de centre d’approvisionnement (essentiellement du poisson sec) au cacique Enriquillo. Entre 1822 et 1844, durant l'occupation haïtienne, l'île et quelques territoires voisins ont été accordés par le gouvernement haïtien à une famille française. Elle a été déclarée parc national en 1974.

Cette île se situe à une altitude de 35 mètres en dessous du niveau de la mer. Son sol est formé de réservoirs lacustres marins, essentiellement des argiles calcaires imperméables. On peut aussi y observer de nombreux coquillages marins et des accumulations de coraux pierreux.



La température moyenne annuelle est de quelque 28 ºC, bien qu'on enregistre parfois des températures de 50 ºC. Les précipitations moyennes annuelles sont de 642 millimètres.

 



L’île compte 106 espèces de plantes, dont quelques espèces endémiques. Parmi elles, deux cactus : le caguey (neoabottia paniculata) et la pitahaya (harrisia spp.).



La faune est essentiellement constituée d’oiseaux et de reptiles. Parmi eux, le crocodile américain, dont la population est l’une des plus importantes du monde à l’état sauvage. N’oublions pas non plus deux espèces d’iguane : l’iguane rhinocéros (photo de droite) et celui de ricord (à gauche ci-dessous). Tant le crocodile que les iguanes sont en danger d'extinction. L’île possède enfin quatre grandes variétés de tortues, dont la tortue à écailles. Sur les bords du lac, on peut observer 62 espèces d’oiseaux.








 


Le larimar






Le larimar est une pectolite bleue qui se trouve uniquement dans une mine du sud-ouest de la République dominicaine, située à quelques kilomètres du village de Bahorucco et appelée Los Chupaderos. Il est considéré comme une pierre semi-précieuse depuis 1976. Sa coloration varie du blanc au bleu foncé pour les pierres les plus précieuses.



La cristallisation du larimar s’est faite à l’intérieur de cheminées volcaniques où la matière incandescente a été poussée par le gaz. Son exploitation dépend donc de la localisation de ces cheminées. Dernière précision : les pectolites étant photosensibles, le larimar perd sa coloration bleue au fil des ans.



L’exploitation de la mine de Los Chupaderos date de 1976. En réalité, le prêtre Miguel Domingo Fuertes de Loren, de la paroisse de Barahona, demande en 1916 déjà la permission d’explorer et d’exploiter une mine qu’il a découverte. Mais nul ne comprend ce dont il parle, et sa demande échoue. Finalement, le gisement de larimar est découvert en 1974, par des villageois qui ont remarqué des pierres bleu clair sur le sable de la plage et sur le lit du fleuve de Bahorucco, qui se jette dans la mer des Caraïbes. Ils remontent la rivière à pieds, jusqu’à découvrir le filon au sommet d’une montagne recouverte d’une luxuriante végétation tropicale. Le nom de larimar a été donné par l’un de ses aventuriers, Miguel Méndez, qui a associé le nom de sa fille (Larissa) à celui de la mer (mar, en espagnol).











































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